Le Bodybuilding au cinéma

Découverte de quelques films essentiels sur le thème du bodybuiding. Documentaires ou ictions ; un bon moyen de voyager dans cet univers.

On a tous été marqué par une performance filmée d’Arnold Schwarzenegger, en bien ou en mal. Comment ne pas être sensible à sa carrure si impressionnante, soit pour l’admirer, soit pour l’exécrer ? S’il est courant que des bodybuilders fassent leur apparition au cinéma pour jouer des rôles de gros durs, peu de films mettent la question du bodybuilding au cœur de l’histoire. On propose ici une présentation de quelques films dans lequel cette pratique sportive joue un rôle important, voire central. On trouvera des documentaires, des films d’action, des drames sociaux ou sentimentaux. La liste n’est pas du tout exhaustive, mais présente plutôt les différentes manières dont le bodybuilding a été montré par le grand écran. Les plus motivés et exotiques d’entre vous peuvent s’attaquer à « I » (trailer), film indien sorti en 2015. Attention, on est là sur du bollywood pur, trois heures et demie de film, des chansons, un film spectacle et des effets spéciaux… douteux. Pour les autres, commencez par les quatre films listés ci-dessous, vous aurez déjà un aperçu correct de ce que le cinéma a produit en matière de grosses musculatures.

 

Pumping Iron

Pumping Iron, sorti en 1977, est un film-documentaire qui retrace la préparation et la participation d’Arnold Schwarzenegger au concours Mister Olympia de 1975. Au moment du tournage, il a déjà une carrière chevronnée derrière lui, ayant remporté cinq fois le titre, et lorsqu’il s’adresse à la caméra lors des nombreuses interviews, on découvre un professionnel animé d’une passion sans limites. Le documentaire rend un bel hommage au bodybuilding en tant que discipline sportive et esthétique. La scène d’ouverture est à cet égard particulièrement éloquente : plutôt qu’haltères et autres appareils de musculation, c’est une salle de danse qui introduit le personnage. Deux bodybuilders, une ballerine, le contraste est frappant, les biceps de ceux-ci étant bien plus épais que les cuisses de celle-ci… Mais l’objectif est le même : « Le jury ne vous regarde pas seulement quand vous tenez la pose, il vous regarde en permanence ». D’où le travail sur le regard, la lenteur et l’élégance du mouvement entre les poses. Dans la salle d’entraînement, il y a un moment pour le pumping, et un moment où le quintuple Mister Univers corrige les poses des plus jeunes. Le regard plus haut, le bras plus droit, le buste plus affirmé, etc. Une fois sur scène, Schwarzenegger efface ses concurrents tant il expose son corps avec confiance et brio. Cette confiance, il la puise dans son entraînement et dans une détermination exemplaire. La préparation mentale est une composante capitale dans son succès. Son concurrent dans la catégorie des lourds, Lou Ferrigno, le démontre par la négative. Jeune, en permanence épaulé par son père, à la fois ambitieux et intimidé par la grandeur de son adversaire, il lui manque l’aisance et le plaisir de Schwarzenegger une fois sur scène. Sans surprise, ce dernier remporte une nouvelle fois le titre, avant de mettre un terme à sa carrière professionnelle en tant que bodybuilder. Finalement, Pumping Iron n’est rien d’autre qu’un excellent documentaire sur la préparation d’une compétition sportive internationale par un athlète de très haut niveau… avec beaucoup de muscles.

Pain & Gain

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Pain & Gain (No pain, no gain en version française) est un film d’action comique sorti en 2013 figurant Dwayne Johnson, Mark Wahlberg et Anthony Mackie, inspiré d’une histoire vraie. Ici, le bodybuilding n’est pas présenté sur son plus beau jour. N’ayons pas peur des mots, tout le film repose sur le fait que les trois personnages principaux, des bodybuilders, sont des abrutis. « Des muscles à la place du cerveau », voilà le ton de cette comédie, à prendre au second degré. Daniel Lugo (Mark Wahlberg), autodéclaré tête pensante du groupe, est un homme à l’ambition à la fois démesurée et toute simple : il veut vivre le rêve américain, accomplir son désir de devenir « un monument de la perfection physique », de devenir quelqu’un. Son plan lumineux, mis sur pied après avoir assisté à une conférence caricaturale sur l’accomplissement personnel et l’esprit d’entreprise, consiste à kidnapper un riche client de sa salle de gym et à lui extorquer sa fortune. Lorsque ses partenaires mettent en doute la validité du projet, sa réponse est à l’image de sa finesse d’esprit : « J’ai vu plein de films, je sais comment ça marche ». Avec lui, un ami encore moins éclairé, prêt à tout pour également devenir quelqu’un — à savoir être riche et trouver une femme en dépit de ses problèmes érectiles — et un autre bodybuilder sorti de prison et s’étant réfugié dans la foi chrétienne. Ce dernier est sûrement le personnage le plus attachant du film : Dwayne « The Rock » Johnson correspond parfaitement à l’image d’un grand gaillard violent aux menaces plutôt convaincantes, mais à qui on s’attache parce qu’il ne sait pas vraiment pourquoi il fait ce qu’il fait, perdu entre ce que lui dictent sa foi, son partenaire et son addiction à la cocaïne. On prend un certain plaisir à voir ces trois athlètes naïfs dépassés par les événements, tuer leurs homologues par mégarde, lever des haltères au milieu d’un bain de sang pour se décontracter, et finalement griller au barbecue, en public — l’histoire étant toujours vraie à ce moment — des membres humains pour faire disparaître les preuves… Un film léger donc, où le désir de perfection physique des personnages finit par devenir désir de richesse, et où l’investissement physique du bodybuilding devient l’outil de réalisation d’opérations illégales, meurtrières, et particulièrement chaotiques. On ne verra pas ce film pour son approche du bodybuilding, mais certainement pour l’action, l’humour et le Q.I. des personnages.

Bodybuilder

bodybuilder filmBodybuilder est un film français sorti en 2014, réalisé par Roschdy Zem. On entre ici dans le registre du drame social et familial, puisqu’on suit le parcours d’Antoine, une vingtaine d’années, engagé dans une opération de prêt qui l’amène à être harcelé par des délinquants pas particulièrement doux. Il est envoyé chez son père à Saint-Etienne, où sa mère espère qu’il sera à la fois protégé et suffisamment isolé pour retrouver des activités normales. Son père, il ne l’a pas vu depuis des années et n’a que très peu de souvenirs de lui. A cinquante-huit ans, il est le bodybuilder star du coin, propriétaire d’une salle de sport, entièrement dédié à son activité. Le film s’ouvre d’ailleurs sur un extrait de Pumping Iron, où Schwarzenegger explique à quel point il se détache de tout à l’approche d’une compétition, où la seule chose qui compte, c’est sa préparation physique et mentale. C’est finalement le fil rouge de l’histoire, puisque la relation entre le père et son fils est en permanence conditionnée par l’entraînement du père, la discipline alimentaire à laquelle il se plie, et aux frictions provoquées par la présence de son fils, complètement étranger à cet univers. Si l’on comprend vite que, pour Antoine, ce séjour dans un monde discipliné et passionné fera office de rédemption, on évite toutefois le scénario cliché où le fils se mettrait au bodybuilding comme son père et trouverait là une voie d’émancipation. Plutôt, il observe un regard amusé sur son père, volant certains de ses compléments alimentaires, essayant ses slips de scène devant un miroir en gonflant des muscles qu’il n’a pas. « Putain ça c’est mon père ! ». On n’échappe pas à la trame attendue découverte-crise-réconciliation, mais l’ensemble reste plutôt bien fait, sans être extraordinaire. Le fils finit par comprendre le plaisir que son père trouve dans la pratique du bodybuilding, tandis que le père redécouvre l’affection qu’il a pour son fils. Ici, l’accent est mis sur l’exigence que demande la discipline : alimentation, entraînements très fréquents, solitude, etc. Ce sera finalement la dernière compétition pour ce vieux bodybuilder, une défaite amère, qui, conjuguée à l’arrivée de son fils, le pousse à arrêter. « C’est trop dur ». On retiendra tout de même le règlement de comptes entre les délinquants qui pourchassent Antoine et une vingtaine de bodybuilders, dans une petite laverie. Pas de bagarre, juste des menaces, mais la situation est cocasse. « C’est que de la gonflette, en trois mois si je veux je suis comme eux », lâche le propriétaire des lieux. On a là tout l’enjeu du film : le bodybuilding y est présenté comme un univers incompris, moqué et méconnu, dans lequel on entre petit à petit, pour finir par le voir différemment et l’apprécier pour ce qu’il est. Sûrement pas de la gonflette.

 

Teddy Bear

teddy bear filmTeddy Bear est un film danois sorti en 2012, avec Kim Kold pour acteur principal. Dennis, un bodybuilder professionnel, la quarantaine, vivant seul avec une mère castratrice, décide de se rendre en Thaïlande sur les conseils de son oncle, marié depuis peu à une femme thaï rencontrée sur place. Plongé d’emblée dans le circuit du tourisme sexuel, son malaise est palpable, et les rencontres organisées sont un échec. Le titre du film prend alors tout son sens : un homme aux proportions gigantesques perçu comme un gros dur, qui cache une personnalité particulièrement tendre, qui n’ose dire non à personne et qui fait tout pour s’effacer. Sur l’ensemble des acteurs que l’on croise dans les films présentés ici, Kim Kold est sûrement le plus impressionnant. Grand, le visage dur et carré, le torse couvert d’un tatouage généreux, sa physionomie est aussi importante dans le rôle que son jeu d’acteur. C’est finalement par l’intermédiaire d’un homme rencontré au gym local que Dennis rencontre l’amour, un amour simple et timide, à l’image du personnage, que sa mère aura bien du mal à laisser entrer dans leur relation. La réalisation est simple et efficace, sans lourdeurs sentimentales, sans dialogues romanesques, sans exagération. Ici, le bodybuilding, c’est le négatif, c’est la cause de cette carapace corporelle qui empêche la personne de s’exprimer. Finalement moins un film d’amour que le parcours initiatique d’un homme en peine avec sa vie intérieure.

 

Conclusion

S’il y a un trait commun à toutes ces approches du bodybuilding, c’est le dépassement de soi. S’il est purement compétitif dans Pumping Iron, il prend des formes davantage psychologiques dans les autres films. Réussite personnelle, vie familiale, émancipation… La culture du corps, la discipline et les efforts qu’elle exige, sont la partie visible de ce travail sur soi. On s’attend à ce que le traitement de cette question soit moins profond dans un film comme Pain & Gain que dans Teddy Bear, par exemple, mais l’intérêt est le même. Si vous cherchez un film qui porte sur le bodybuilding à proprement parler, Pumping Iron est un classique, et dans les plus récents, on vous conseille Generation Iron (trailer) ou encore Bigger Stronger Faster (trailer). En dehors de ces films documentaires, les autres réalisations abordent plutôt la question du bodybuilder en tant que personne, et le lien entre sa pratique sportive et son existence sociale.

Contrairement aux détracteurs qui n’y voient que de la « gonflette », on y comprend bien que l’activité va bien plus loin que ça. Un investissement complet du corps et de l’esprit, où, finalement, plutôt que de la force, c’est de la personnalité qui s’imprime dans les muscles.

 

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