Sergio Oliva, “The Myth”

Le bodybuilding représente un sport assez controversé : on aime ou on n’aime pas.
Il n’existe pas de juste milieu ! Soit certaines personnes ne voient dans les culturistes que des personnes bourrées de stéroïdes étalant leurs muscles prêts à éclater pendant que d’autres admirent la définition parfaite des muscles apparents, summum du sublime.

Alors pour les amateurs de culturisme : si admirer les bodybuilders lors de leur show reste captivant, découvrir leur parcours en est encore plus fascinant voir déroutant. Effectivement, derrière une masse imposante ou des muscles extrêmement découpés, se dévoilent des parcours bien souvent accidentés, accompagnés d’un courage à toute épreuve et d’une forte détermination.

Sergio Oliva, célèbre culturiste cubain,  ne fut nullement appelé « le mythe » pour rien. Sous sa musculature robuste, le chemin de Sergio Oliva fut loin d’être lisse et du courage, de la force voir de l’audace, il lui en a fallu pour rentrer dans la légende de l’épopée du Bodybuilding.

Une adolescence sous le ciel de la révolution cubaine :

Sergio Oliva voit le jour  à La Havane (Cuba), le 4 juillet 1941. Dès son plus jeune âge, Sergio Oliva accompagne son père dans les champs de canne à sucre. A ses 16 ans, son père  souhaite qu’il intègre l’armée de Batista. Malgré l’absence d’acte de naissance du jeune Sergio, le responsable du recrutement le juge assez mûr pour rejoindre la lutte armée contre le communisme.

Sergio Oliva va donc se battre contre le régime de Fidèle Castro. Cependant, lui et ses compatriotes perdront la guerre contre Castro. Assistant aux changements dans son pays, Sergio commence alors à errer sur la plage. Signe du destin ou pur hasard, dans son errance il croisera le chemin d’un haltérophile qui l’invitera dans sa salle d’entrainement.   Là, il découvre un monde fait d’entraide et de fraternité lors des entrainements. Ces entrainements représentent aussi le dépasse de soi, aller toujours plus loin dans la recherche de ses propres limites. Sergio Oliva va se trouver en harmonie avec les valeurs morales de la discipline et y voir également une possible échappatoire de son pays.

Dès ce moment, Sergio Oliva se donne à fond dans l’entrainement. Très vite, il va même se faire remarquer et se distinguer par l’importance des poids qu’il soulève avec agilité.

Des compétitions cubaines à l’échappatoire jamaïcaine :

En un an d’entrainement, le jeune Sergio Oliva a réussi à développer une force, une endurance et une musculature  considérables. Il tente alors, le Championnat national d’haltérophilie de Cuba en 1962. Là, résultat plus que réjouissant puisqu’il arrive deuxième du concours, derrière Alberto Rey Games Hernandez.

Deuxième signe du destin : la même année, en 1962, le grand vainqueur du championnat, Alberto Rey Games Hernandez se blesse et ne peut donc plus concourir en Jamaïque, aux Jeux de l’Amérique centrale et des Caraïbes. Sergio Oliva sera alors choisi pour le remplacer. Ce dernier comprend très vite que cette occasion représente peut-être pour lui son passeport pour la liberté.

Arrivé à Kingston,  en Jamaïque, Oliva profite d’un moment d’inattention des gardes, pour échapper à leur vigilance. Son sort est alors en train de se jouer : Sergio Oliva se met à courir, à une vitesse phénoménale vers le Consulat américain. Paris réussi, il pousse les portes du consulat, complètement essoufflé et demande l’asile politique.  Son audace et sa volonté vont donner l’exemple à 65 autres ressortissants cubains, qui lui emboitent le pas.   

Sa révélation américaine :

Obtenir l’asile politique en Amérique représente pour Sergio Oliva et l’équipe  cubaine d’haltérophilie la concrétisation de leur liberté.

Sergio Oliva arrive donc, pour la première fois sur le sol américain en Floride, à Miami. Plus que motivé, il accepte dans un premier temps de petits boulots pour survivre : réparateur de télévision, déchargement de camion.

Une fois ayant pris ses marques, Sergio Oliva se décide à déménager pour Chicago, dans l’Illinois en 1963. Dans ce nouvel environnement, Sergio travaille à la fois dans une aciérie locale ainsi que dans l’association chrétienne YMCA Duncan. Sur son chemin, Sergio va rencontrer une figure locale du Bodybuilding : Bob Gajda (ancien M. America). Bob Gajda voit immédiatement en Sergio toutes ses potentialités physiques. Il le prendra donc sous sa responsabilité et l’introduira à la musculation.

Travaillant 12 heures par jour, Sergio trouve quand même le courage de pratiquer la musculation entre 2 et 3 heures, chaque soir.  Commençant ainsi la musculation, Sergio Oliva augmente rapidement son volume musculaire. Seulement quelques mois plus tard, il obtient même son premier titre : M. Chicagoland. Les efforts finissent toujours par payer !

Encouragé par ce premier trophée et les remarques sur son physique exemplaire, Sergio Oliva se lance donc dans les compétitions, année après année.

De ce parcourt de compétitions, s’étalant de 1963 à 1985, parcourt rempli de vitalité et d’ardeur, Sergio remportera au total 20 titres, le positionnant vainqueur. Grâce, à son audace et sa rigueur d’entrainement, Sergio  devient le premier bodybuilder noir à acquérir le titre de Mr Amérique, Mr Monde, Mr International, Mr Univers et Mr Olympia. Il remportera d’ailleurs,  trois fois le titre de champion de  M. Olympia (en 1967, 1968 et 1969). Surnommé « The Myth », il sera le seul à réussir à battre Arnold Schwarzenegger au concours de M. Olympia. Il se dit même que Sergio Oliva avait la capacité d’engourdir ses adversaires. Il inspirait alors autant la vénération que la crainte pour certains d’entre eux.   Sur scène, il était incroyablement massif. Surement le plus massif de sa génération, tout en gardant une taille assez fine.

Mr Olympia 1969
Mr Olympia 1969

Il terminera sa carrière de compétitions en 1985 tragiquement puisque sous l’emprise de la colère, sa femme lui tirera 5 balles dans l’abdomen.  Il s’en sortira, mais en restera affecté.

Au travers de son histoire, de ses épreuves traversées et de son audace de croire en sa capacité de réussir, Sergio Oliva a su se hisser dans la légende du Bodybuilding. Son parcours nous rappelle l’importance de ne rien lâcher (autant dans la vie quotidienne que dans les séances d’entrainement).Le chemin est souvent long, mais le chemin forge le caractère, comme le Bodybuilding façonne le corps.

Sergio  Oliva s’est éteint le 12 novembre 2012 à Chicago, Illinois, d’une insuffisance rénale. Mais « The Myth » continue de nous accompagner, comme symbole de persévérance.  

0 Comments

  1. Ce serait vraiment interessant de voir Sergio aujourd’hui avec les méthodes modernes(vous savez ce que je veux dire par là). J’aurai aimé savoir s’il aurait pu dépasser Ronnie !!!!

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