Chris Dickerson triomphe au-delà de tout préjugé

Rien ne le prédestinait à réussir dans le domaine du bodybuilding, et pourtant malgré les préjugés de l’époque, Chris Dickerson va réussi à s’imposer comme une des figures les plus influentes de la culture du muscle.

Sa mère, un modèle inspirant :

Chris Dickerson est né le 25 août 1939, au cœur de l’Alabama, de parent afro-américain.  Il arrive à une période où la ségrégation   et le racisme envers les Afro-Américains sont toujours d’actualité. Après la crise économique de 1929 et malgré le New Deal, la discrimination reste présente au niveau de  l’accès à l’emploi et dans la répartition des tâches. Avec l’arrivée de la Seconde Guerre mondiale, certains Afro-Américains s’enrôlent alors dans l’armée afin d’acquérir une certaine sécurité économique. Mais là encore la ségrégation persiste. La situation des femmes afro-américaines n’est guère plus enviable. Les emplois à l’usine sont réservés aux femmes blanches et les femmes noires sont reléguées au statut de domestiques.

Mais malgré le racisme ambiant de l’époque, la mère de Chris Dickerson, Mahala Ashley Dickerson va transmettre à son fils dès son plus jeune âge, le goût de réussir. Elle lui explique que certains peuvent lui rappeler sa couleur de peau, mais que la détermination arrive à bout de tous les préjugés. Et au-delà des paroles, Mahala Ashley Dickerson incarnera cette force en devenant la première femme noire avocate de l’Alabama et par la suite, la deuxième femme noire admise au Indiana Bar en 1951.

Mahala Ashley Dikerson sera un véritable modèle de réussite pour son fils. Chris va alors acquérir cette détermination à toute épreuve qui se révèlera, au fil des années, son meilleur allié vers le chemin de la reconnaissance.

Des muscles pour plus de voix 

À l’école, Chris est doué pour l’Athlétisme. Seulement, malgré ses prédispositions pour le sport, Chris est avant tout passionné de chant. Son rêve : devenir chanteur d’Opéra.

Il oriente donc son parcours universitaire vers des études d’art dramatique. À  New York, il s’inscrit à l’Académie des arts dramatiques. Cependant sa voix manque d’intensité et son professeur de chant va lui conseiller de développer sa musculature afin d’acquérir plus de force dans la voix.

À cette même période, Chris  rend visite à sa tante, en Californie où il tombe, par pur hasard sur une photo de Bill Pearl, dans un magazine de musculation. Devant le physique de Bill Pearl, Chris prend alors conscience de l’impact que provoque un tel physique.    

De cette photo, Chris restera profondément marqué et subjugué. Tellement fasciné, qu’il va jusqu’à s’inscrire dans la salle d’entrainement de Bill Pearl, à Los Angeles. Il désire apprendre directement auprès du maitre et aussi mieux connaitre l’homme. Devant l’obstination énergique de Chris, Bill Pearl décide alors de l’entrainer.

Un optimisme tenace, pour une place dans le culturisme :

Chris commence donc les entrainements intenses à l’âge de 24 ans. Il a conscience que le chemin va être rude. Chris est noir et homosexuel et le racisme ainsi que l’homophobie sont encore plus que présents. De plus Chris affiche une taille inférieure à celle des bodybuilders.

Chris savait parfaitement qu’il rencontrerait des problèmes à cause de sa couleur de peau et de son orientation sexuelle. Il disposait cependant d’une force mentale pouvant faire face à de telle critique sur sa personne. Néanmoins, il avait quelques réticences concernant sa taille qui avait un impact direct sur ses caractéristiques de culturiste.

Mais malgré ces facteurs, l’optimisme de Chris était tenace. Si tenace, qu’il se présenta deux ans plus tard, en 1965, à son premier concours : M. Long Beach. Dès sa première apparition, il remporte la 3e place. Chris est plus que satisfait de son classement.

Cette première expérience le pousse alors l’année suivante à s’inscrire à 12 compétitions sur la Côte Est. Le résultat est époustouflant puisqu’il les remporte toutes.

Avec un tel succès en 1966, Chris Dickerson commence à faire la une des magazines de musculation. Il arborait une musculature très esthétique et parfaitement symétrique.

Fort de ses titres, Chris vise désormais celui de M. América. Pour se préparer au mieux, il décide de faire appel une nouvelle fois à son icône : Bill Pearl. Seulement il n’arrive à se placer qu’à la 6e place, en 1967. Mais il en faut beaucoup plus pour ébranler Chris Dickerson. Il persévère. Et en 1970, il remporte les prestigieux titres de M. Univers et M. America. Il devient le premier afro-Américain avec de tels titres. Une distinction plus qu’honorable !

Chris Dickerson  fait peu à peu sa place dans le culturisme. Pendant plusieurs années, il va remporter plusieurs fois les titres des compétitions de l’UAE et de la NABBA.

Mais Chris Dikerson n’a pas encore fini de provoquer son public et les professionnels du domaine, puisqu’à 40 ans, il décide de participer au plus illustre des concours, celui de M. Olympia.

40 ans représente un âge avancé pour les compétitions. Le plus souvent, les bodybuilders prennent leur retraite à cet âge-là. Mais Dickerson est motivé et rien ne le fera changer d’avis.

Il concourt donc en  1980 pour le titre de M. Olympia. Il arrive à la seconde place, derrière Arnold tenant du titre et devant Frank Zane. Chris reste toujours aussi optimiste et retente le concours l’année suivante où il se place encore à la deuxième place.

Et arrive la consécration, en 1983 où il décroche enfin le titre de M. Olympia. Chris Dickerson rentre définitivement dans l’histoire du Bodybuilding en devenant le premier Afro-Américain, homosexuel à décrocher le plus illustre des titres. Et le plus âgé des M. Olympia, puisqu’il avait 43 ans lors de son obtention.

Chris Dickerson, à l’image de  son admirable mère, a réussi à vaincre les préjugés les plus durs que sont l’homophobie et le racisme et à devenir une star du Bodybuilding.

Là où d’autres auraient renoncé, Chris Dickerson a réussi. Son parcours nous prouve que peu importe le temps que cela doit prendre, le travail acharné paye toujours.

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